Quel avenir pour la "Plastics Vallée" dans l'Ain ?

Regroupant 18% de l'emploi du secteur national, l'Ain, et plus particulièrement la ville d'Oyonnax, se présentent comme un des plus grands parcs industriels plasturgiques de France avec 12 000 salariés.
L’Ain est un département économiquement contrasté entre une plaine industrialisée à l’Est et un centre très rural. La zone industrielle d’Oyonnax représente donc une aubaine, avec 49% de l’emploi de la région spécialisé dans le plastique. L'expertise s’étend à de nombreux domaines notamment l’automobile, la lunetterie, la cosmétique, etc. S’il existe quelques grosses entreprises renommées, ce sont principalement de petites PME familiales qui occupent le secteur.
Le territoire repose toutefois principalement sur cette industrie, représentant un pendant plus risqué pour l’emploi local. La main d’œuvre est vieillissante et les entreprises ont de plus en plus de mal à embaucher dans la première zone plasturgique d’Europe. La "Plastics Vallée" compte 660 entreprises familiales pour un chiffre d'affaires de 2,4 milliards d’euros. Cette activité s’est déployée particulièrement dans l’après-guerre pour devenir aujourd’hui un Léviathan.

La région est ambivalente entre classes dirigeantes familiales qui ont fait fortune de cette Eldorado du plastique et une classe ouvrière, très nombreuse et pour une grande part issue de l’immigration. Longtemps prospère, le secteur a aujourd’hui essuyé les multiples crises.
En raison d’une robotisation et d’une délocalisation de la production non spécialisée, un chômage à hauteur de 30% chez les jeunes et une baisse de 13% de l’emploi entre 2008 et 2019. La filière n’est pourtant pas morte, au contraire, l’industrie a réussi à se spécialiser dans des techniques très spécifiques pour pallier la concurrence internationale. Pour autant, la vallée a perdue de son prestige d’antan. La main d’œuvre y est essentiellement ouvrière et vieillissante, en moyenne plus âgée que dans le reste de la France. Le niveau de revenu moyen est plus bas que dans l’industrie au niveau nationale, un écart de 5 000 euros (37 500 euros contre 42 000euros). Renouveler la main d’œuvre constitue donc un enjeu crucial pour la région.
Aujourd’hui, la région accueille la troisième génération issue de l’immigration qui représente 50% de la population locale. Elle est la plus touchée par la crise. Cette population souvent destinée au travail ouvrier, veut rompre avec la hiérarchie des “locaux de souches”.Les enfants issues de la 3e génération d’immigrés choisissent des formations plus généralistes. Cela constitue un décalage par rapport aux besoins du territoire. Cette génération ne veut plus être dans les ateliers. Si les patrons expriment une difficulté à recruter, les jeunes eux ne se sentent pas valoriser par les métiers d’ouvriers qui avant étaient synonymes d’intégration et de prestige de l’économie française pour leur parents et grands-parents. S’ils sont culturellement intégrés, ils aspirent à des avenirs professionnels autres que ceux de leurs parents. Cependant, cela peut paraitre difficile à atteindre dans une région peu diversifiée. La vallée fait donc face à un manque croissant de personnel et d’attractivité locale malgré une demande commerciale bien présente.
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